lundi 22 février 2016

Usages pédagogiques des TIC : de la consommation à la cocréation participative

Sources :
Margarida ROMERO et Thérèse LAFERRIÈRE du Centre de recherche et d’intervention sur la réussite scolaire (CRIRES) de l’Université Laval analysent les limites des approches techno-centrées.
[Un article repris du site québecois "Vitrine technologie éducation"vteeducation publiée par Margarida Romero. le 15 décembre 2015 sous une licence CC by sa nc 3.0}L’intégration des technologies de l’information et de la communication (TIC) en éducation a engendré des espoirs infondés et donné lieu à certaines innovations technologiques sans fondement pédagogique. Si certains usages pédagogiques des TIC permettent un apprentissage amélioré par la technologie (Laferrière et al, 2014), d’autres placent la personne apprenante dans une situation de consommation passive ou guère interactive. Dans cet article, nous analysons les limites des approches techno-centrées dans le processus d’intégration des TIC et introduisons une démarche réflexive basée sur une approche qui vise l’amélioration des apprentissages. Cette approche peut être qualifiée de socioconstructiviste, participative et inclusive alors qu’elle accompagne les enseignantes dans leur processus d’intégration des TIC dans le contexte qui est le leur. La démarche réflexive proposée introduit cinq niveaux d’usages des technologies : la consommation passive, la consommation interactive, la création de contenu, la cocréation de contenu et, en dernier lieu, la cocréation participative de connaissances orientée vers la compréhension ou la résolution de problèmes partagés par la classe conçue comme une communauté d’apprentissage.
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Cinq niveaux d’usage des TIC (Romero, 2015)
Introduction
L’intégration des technologies de l’information et de la communication (TIC) en éducation a engendré des faux espoirs et des mythes autour de leur potentiel pour améliorer la motivation et les apprentissages des élèves (Amadieu & Tricot, 2014). L’intégration des TIC en éducation a également conduit à une dissension entre les « techno-enthousiastes », soit des personnes spontanément et hardiment favorables à l’intégration des technologies en éducation, et les « technophobes » qui s’y opposent pour des raisons pédagogiques, de manque de ressources ou d’aversion plus ou moins importante envers l’innovation (Selwin, 2004). Cette dissension est basée sur une vision techno-centrée qui attribue aux technologies des effets éducatifs sans prendre en considération l’ensemble des composantes de la situation d’apprentissage ni l’analyse de l’activité. Or, nous devons situer la notion d’usage pédagogique des TIC dans son contexte. Ainsi, l’analyse des effets des TIC sur le processus et les résultats d’apprentissage doit prendre en considération des facteurs multiples au niveau individuel (l’apprenante, l’enseignante), interpersonnel (apprenante-apprenante, apprenante-enseignante, groupe-classe-enseignante) et social (communauté éducative) des différentes composantes de la situation d’apprentissage. Avant d’introduire les cinq niveaux d’usages pédagogiques des TIC, nous pointons dans la prochaine section certaines limites d’une analyse centrée sur la technologie.
Ni les TIC (ni la craie, ni les crayons) ne sont des révolutions éducatives
Nous ne pouvons pas attribuer aux technologies numériques (TNI, tablettes…) ou analogiques (craie, crayons…) la capacité d’améliorer les apprentissages sans tenir compte de la situation d’apprentissage et de son contexte. Pour Jeremić et collaborateurs (2011) la situation d’apprentissage comprend (1) l’activité d’apprentissage ; (2) les ressources éducatives utilisées au cours de l’activité d’apprentissage ; (3) les acteurs impliquées (apprenantes, enseignantes, expertes) ; (4) le moment durant lequel l’activité se déroule et, en cas d’intégration des TIC, (5) les technologies intégrées. Dit autrement, les technologies sont l’une des composantes de la situation d’apprentissage et doivent être analysées en les liant aux autres composantes. L’analyse des éventuels avantages ou plus-values pédagogiques de l’intégration des TIC en éducation doit être faite en observant l’usage pédagogique des technologies (TNI, tablettes…) dans le cadre d’une situation d’apprentissage.
Il est donc loin d’être suffisant de considérer, de manière isolée, des indicateurs quantitatifs tels les ratios entre le nombre d’apprenantes et la quantité d’ordinateurs (child/computer ratio), ou bien le temps investi sur l’ordinateur par jour (computer time). Faire un lien entre ces indicateurs technologiques et les résultats d’apprentissage a donné lieu à des résultats parfois inconsistants au cours des dernières années. Ces inconsistances sont, entre autres, attribuables au manque de considération de l’ensemble de composantes de la situation d’apprentissage. Ainsi, alors que plusieurs études d’impact ont tendance à souligner un lien positif entre le nombre d’ordinateurs et l’apprentissage, la dernière étude de l’OCDE (2015),Students, Computers and Learning : Making The Connection attribue aux technologies des effets négatifs sur les apprentissages. Il faut comprendre que l’étude utilise des métriques centrées sur la quantité d’ordinateurs et le temps d’utilisation des ordinateurs, ce qui empêche de prendre en considération le type d’usage des technologies (consommation passive ou interactive, usages créatifs individuels ou collectifs) et d’autres composantes de la situation d’apprentissage. Cette dernière étude de l’OCDE observe que le nombre d’ordinateurs en classe est lié négativement aux résultats en mathématiques dans certains pays. Cependant, cette étude ne contrôle pas le type d’usages pédagogiques des TIC, mais le temps face à l’écran. En effet, dans certaines écoles les élèves sont confrontés à une grande consommation interactive d’ « exerciseurs mathématiques », quand d’autres établissements vont faire un usage d’environnements de géométrie dynamique sur des périodes réduites, mais permettant d’améliorer la construction de représentations chez les élèves. Le type d’usages des TIC, incluant le choix de logiciels et d’applications en fonction des intentions pédagogiques poursuivies par l’enseignante dans la situation d’apprentissage, s’avère plus important que le nombre d’ordinateurs ou le temps alloué à l’ordinateur. Il ne s’agit pas de se questionner sur la quantité de matériel et pendant combien de temps il en est fait usage, mais plutôt sur les types d’usages pédagogiques des TIC .
Nous identifions cinq niveaux d’usages pédagogiques des TIC. Les cinq niveaux se situent sur un continuum allant du simple au plus complexe et reflétant les processus sociocognitifs dans lequel peut être engagé l’apprenante : (1) la consommation passive, (2) la consommation interactive, (3) la création de contenu, (4) la cocréation de contenu et (5) la cocréation participative de connaissances orientée vers la compréhension ou la résolution de problèmes partagés par la classe conçue comme une communauté d’apprentissage.
Les deux premiers niveaux d’usages pédagogiques des TIC sont de type « consommation ». L’apprenante est placée face à un environnement informatique d’apprentissage (ou autre artefact TIC) qui lui permet de cliquer sur un élément d’un ensemble, plus ou moins complexe, d’interactions prédéfinies, en suivant un « enseignement programmé ». Nous pensons ici aux exerciseurs, aux manuels ou aux didacticiels interactifs de nature conductiviste. Le troisième niveau laisse place à la créativité de l’apprenante dans la production de textes, d’images ou de vidéos en lien avec une situation d’apprentissage donnée (par exemple, un projet personnel, d’équipe ou de classe). Les deux derniers niveaux d’usages pédagogiques des TIC engagent l’apprenante dans une démarche de création de contenu impliquant les connaissances antérieures ainsi que la créativité de l’apprenante ou d’un groupe d’apprenantes (cocréation) lorsqu’il s’agit de comprendre et d’apporter une réponse plausible à un problème complexe ou, encore, la collaboration des apprenantes avec des acteurs de la communauté sociale sur des problématiques réelles (cocréation participative de connaissances orientée vers la résolution de problèmes).
Aux deux niveaux plus avancés, la création de contenu est considérée comme un processus de construction de connaissances nouvelles (Stahl, Cress, Law, & Ludvigsen, 2014). Dans le cas de la cocréation, le processus s’inscrit dans une démarche collective de partage d’ « expériences et de connaissances et la négociation de leur pertinence au sein du groupe par rapport à la question que les apprenants se posent ou le problème sur lequel ils se penchent. Ce processus peut conduire les participants à la production de contenus nouveaux par l’explicitation ou l’exposition à des connaissances et des conceptions des pairs » (Nizet, & Laferrière, 2005, p. 154). Cette production originale prend alors une forme, sous support numérique, de type textuel, audiovisuel ou multimédia. Dans le cas de la cocréation participative de connaissances orientée vers la compréhension ou la résolution de problèmes, l’équipe d’apprenants peut intégrer, dans sa démarche, des acteurs de la communauté (école, quartier…) dans un processus orienté vers la bonification d’une problématique qui interpelle cette même communauté (Romero et al, 2015).
Le tableau ci-dessous présente les cinq usages pédagogiques des TIC, leur description et un exemple.
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Collaboration avec les technologies
Usages pédagogiques des TIC : de la consommation à la cocréation participative
Par Margarida Romero. Le 4 Décembre 2015
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Margarida ROMERO et Thérèse LAFERRIÈRE du Centre de recherche et d’intervention sur la réussite scolaire (CRIRES) de l’Université Laval analysent les limites des approches techno-centrées.
L’intégration des technologies de l’information et de la communication (TIC) en éducation a engendré des espoirs infondés et donné lieu à certaines innovations technologiques sans fondement pédagogique. Si certains usages pédagogiques des TIC permettent un apprentissage amélioré par la technologie (Laferrière et al, 2014), d’autres placent la personne apprenante dans une situation de consommation passive ou guère interactive. Dans cet article, nous analysons les limites des approches techno-centrées dans le processus d’intégration des TIC et introduisons une démarche réflexive basée sur une approche qui vise l’amélioration des apprentissages. Cette approche peut être qualifiée de socioconstructiviste, participative et inclusive alors qu’elle accompagne les enseignantes dans leur processus d’intégration des TIC dans le contexte qui est le leur. La démarche réflexive proposée introduit cinq niveaux d’usages des technologies : la consommation passive, la consommation interactive, la création de contenu, la cocréation de contenu et, en dernier lieu, la cocréation participative de connaissances orientée vers la compréhension ou la résolution de problèmes partagés par la classe conçue comme une communauté d’apprentissage.
cinq niveaux d’usages des technologies (Romero, 2015)
Cinq niveaux d’usage des TIC (Romero, 2015)
Introduction
L’intégration des technologies de l’information et de la communication (TIC) en éducation a engendré des faux espoirs et des mythes autour de leur potentiel pour améliorer la motivation et les apprentissages des élèves (Amadieu & Tricot, 2014). L’intégration des TIC en éducation a également conduit à une dissension entre les « techno-enthousiastes », soit des personnes spontanément et hardiment favorables à l’intégration des technologies en éducation, et les « technophobes » qui s’y opposent pour des raisons pédagogiques, de manque de ressources ou d’aversion plus ou moins importante envers l’innovation (Selwin, 2004). Cette dissension est basée sur une vision techno-centrée qui attribue aux technologies des effets éducatifs sans prendre en considération l’ensemble des composantes de la situation d’apprentissage ni l’analyse de l’activité. Or, nous devons situer la notion d’usage pédagogique des TIC dans son contexte. Ainsi, l’analyse des effets des TIC sur le processus et les résultats d’apprentissage doit prendre en considération des facteurs multiples au niveau individuel (l’apprenante, l’enseignante), interpersonnel (apprenante-apprenante, apprenante-enseignante, groupe-classe-enseignante) et social (communauté éducative) des différentes composantes de la situation d’apprentissage. Avant d’introduire les cinq niveaux d’usages pédagogiques des TIC, nous pointons dans la prochaine section certaines limites d’une analyse centrée sur la technologie.
Ni les TIC (ni la craie, ni les crayons) ne sont des révolutions éducatives
Nous ne pouvons pas attribuer aux technologies numériques (TNI, tablettes…) ou analogiques (craie, crayons…) la capacité d’améliorer les apprentissages sans tenir compte de la situation d’apprentissage et de son contexte. Pour Jeremić et collaborateurs (2011) la situation d’apprentissage comprend (1) l’activité d’apprentissage ; (2) les ressources éducatives utilisées au cours de l’activité d’apprentissage ; (3) les acteurs impliquées (apprenantes, enseignantes, expertes) ; (4) le moment durant lequel l’activité se déroule et, en cas d’intégration des TIC, (5) les technologies intégrées. Dit autrement, les technologies sont l’une des composantes de la situation d’apprentissage et doivent être analysées en les liant aux autres composantes. L’analyse des éventuels avantages ou plus-values pédagogiques de l’intégration des TIC en éducation doit être faite en observant l’usage pédagogique des technologies (TNI, tablettes…) dans le cadre d’une situation d’apprentissage.
Il est donc loin d’être suffisant de considérer, de manière isolée, des indicateurs quantitatifs tels les ratios entre le nombre d’apprenantes et la quantité d’ordinateurs (child/computer ratio), ou bien le temps investi sur l’ordinateur par jour (computer time). Faire un lien entre ces indicateurs technologiques et les résultats d’apprentissage a donné lieu à des résultats parfois inconsistants au cours des dernières années. Ces inconsistances sont, entre autres, attribuables au manque de considération de l’ensemble de composantes de la situation d’apprentissage. Ainsi, alors que plusieurs études d’impact ont tendance à souligner un lien positif entre le nombre d’ordinateurs et l’apprentissage, la dernière étude de l’OCDE (2015), Students, Computers and Learning : Making The Connection attribue aux technologies des effets négatifs sur les apprentissages. Il faut comprendre que l’étude utilise des métriques centrées sur la quantité d’ordinateurs et le temps d’utilisation des ordinateurs, ce qui empêche de prendre en considération le type d’usage des technologies (consommation passive ou interactive, usages créatifs individuels ou collectifs) et d’autres composantes de la situation d’apprentissage. Cette dernière étude de l’OCDE observe que le nombre d’ordinateurs en classe est lié négativement aux résultats en mathématiques dans certains pays. Cependant, cette étude ne contrôle pas le type d’usages pédagogiques des TIC, mais le temps face à l’écran. En effet, dans certaines écoles les élèves sont confrontés à une grande consommation interactive d’ « exerciseurs mathématiques », quand d’autres établissements vont faire un usage d’environnements de géométrie dynamique sur des périodes réduites, mais permettant d’améliorer la construction de représentations chez les élèves. Le type d’usages des TIC, incluant le choix de logiciels et d’applications en fonction des intentions pédagogiques poursuivies par l’enseignante dans la situation d’apprentissage, s’avère plus important que le nombre d’ordinateurs ou le temps alloué à l’ordinateur. Il ne s’agit pas de se questionner sur la quantité de matériel et pendant combien de temps il en est fait usage, mais plutôt sur les types d’usages pédagogiques des TIC .
Nous identifions cinq niveaux d’usages pédagogiques des TIC. Les cinq niveaux se situent sur un continuum allant du simple au plus complexe et reflétant les processus sociocognitifs dans lequel peut être engagé l’apprenante : (1) la consommation passive, (2) la consommation interactive, (3) la création de contenu, (4) la cocréation de contenu et (5) la cocréation participative de connaissances orientée vers la compréhension ou la résolution de problèmes partagés par la classe conçue comme une communauté d’apprentissage.
Les deux premiers niveaux d’usages pédagogiques des TIC sont de type « consommation ». L’apprenante est placée face à un environnement informatique d’apprentissage (ou autre artefact TIC) qui lui permet de cliquer sur un élément d’un ensemble, plus ou moins complexe, d’interactions prédéfinies, en suivant un « enseignement programmé ». Nous pensons ici aux exerciseurs, aux manuels ou aux didacticiels interactifs de nature conductiviste. Le troisième niveau laisse place à la créativité de l’apprenante dans la production de textes, d’images ou de vidéos en lien avec une situation d’apprentissage donnée (par exemple, un projet personnel, d’équipe ou de classe). Les deux derniers niveaux d’usages pédagogiques des TIC engagent l’apprenante dans une démarche de création de contenu impliquant les connaissances antérieures ainsi que la créativité de l’apprenante ou d’un groupe d’apprenantes (cocréation) lorsqu’il s’agit de comprendre et d’apporter une réponse plausible à un problème complexe ou, encore, la collaboration des apprenantes avec des acteurs de la communauté sociale sur des problématiques réelles (cocréation participative de connaissances orientée vers la résolution de problèmes).
Aux deux niveaux plus avancés, la création de contenu est considérée comme un processus de construction de connaissances nouvelles (Stahl, Cress, Law, & Ludvigsen, 2014). Dans le cas de la cocréation, le processus s’inscrit dans une démarche collective de partage d’ « expériences et de connaissances et la négociation de leur pertinence au sein du groupe par rapport à la question que les apprenants se posent ou le problème sur lequel ils se penchent. Ce processus peut conduire les participants à la production de contenus nouveaux par l’explicitation ou l’exposition à des connaissances et des conceptions des pairs » (Nizet, & Laferrière, 2005, p. 154). Cette production originale prend alors une forme, sous support numérique, de type textuel, audiovisuel ou multimédia. Dans le cas de la cocréation participative de connaissances orientée vers la compréhension ou la résolution de problèmes, l’équipe d’apprenants peut intégrer, dans sa démarche, des acteurs de la communauté (école, quartier…) dans un processus orienté vers la bonification d’une problématique qui interpelle cette même communauté (Romero et al, 2015).
Le tableau ci-dessous présente les cinq usages pédagogiques des TIC, leur description et un exemple.
Type d’usage des TIC
Description
Exemple d’usages
Consommation passive
Consommation passive (Romero, 2015)
L’apprenante accède à un contenu ou application technologique, écoute ou lit les contenus sans pouvoir réaliser des interactions.
L’enseignante utilise le TNI pour faire la projection d’une capsule vidéo en classe.
Lecture d’articles ou consultation de vidéos par l’apprenante.
Consommation interactive
Consommation interactive (Romero, 2015)
L’apprenante peut réaliser des interactions avec le contenu ou l’application. Les interactions peuvent présenter différents niveaux de complexité.
Devant ce type d’exerciseurs, certaines apprenantes développent une démarche d’essai et erreur superficielle, au cours de laquelle elles réalisent plusieurs tentatives non réfléchies jusqu’à ce qu’elles trouvent des bonnes réponses.
Lecture d’un livre interactif qui permet la consultation d’un glossaire ou des vidéos quand l’apprenante clique sur des mots.
Leçons interactives Moodle ou Captivate qui combinent du texte et des questions à choix multiples.
Plateformes d’apprentissage comme Netmaths (mathématiques) ou Duolingo (langues) qui comprennent des exercices interactifs permettant de s’exercer.
Création de contenu
Création de connaissances (Romero, 2015)
L’apprenante réalise une production, exécute sa partie lors d’une activité coopérative ou modélise des connaissances à l’aide d’outils numériques dans un processus créatif individuel.
Écriture d’un texte.
Création d’une carte conceptuelle.
Réalisation d’une image, d’un document hypertextuel ou audiovisuel.
Arrêt d’une question sur laquelle se pencher.
Fouille sur le Web ou dans des livres.
Collecte de données sur le terrain.
Programmation créative (ressources interactives, jeux, robotique éducative).
Co-création de contenu
Co-création des connaissances (Romero, 2015)
L’apprenante réalise une production en collaboration ou collabore avec des pairs dans la modélisation de connaissances à l’aide d’outils numériques dans un processus créatif collaboratif.
Coécriture d’un texte.
Cocréation d’une carte conceptuelle.
Coréalisation d’une image, d’un document hypertextuel ou audiovisuel.
Arrêt d’une question sur laquelle se pencher, en collaboration.
Fouille collaborative sur le Web ou dans des livres.
Collecte collaborative de données sur le terrain.
Programmation cocréative (ressources interactives, jeux, robotique éducative).
Cocréation participative de connaissances
Co-création participative (Romero, 2015)
La cocréation participative de connaissances est orientée vers la compréhension ou la résolution de problèmes partagés par la classe conçue comme une communauté d’apprentissage. L’apprenante et ses pairs sont engagés dans une investigation collective qui peut impliquer des membres de leur communauté locale. Ils visent à comprendre un problème (par exemple, concernant l’eau, l’air ou les forêts et le développement durable (univers social) ; (la flottaison en sciences) ; l’interprétation d’œuvres en français.
Contributions sur un forum, en visioconférence ou sur tout autre outil de création collaborative de connaissances (hypertextuel, audiovisuel ou de programmation), visant la compréhension d’un problème, illustration, documentation, proposition de pistes de solution, synthèse de ce qu’on retient et de ce qui peut faire l’objet d’une certaine diffusion sur le Web.
Pour pouvoir développer certains usages, il pourrait être nécessaire de mobiliser plusieurs technologies différentes en les combinant ou en les adaptant à des usages non initialement prévus par les concepteurs technologiques (par exemple, utiliser un logiciel de gestion du temps pour faire une activité collaborative en classe). La prise de décision sur les technologies peut être réalisée par l’enseignante, qui peut engager les apprenantes et d’autres acteurs de la communauté (autres enseignantes ; parents…) dans le processus de décision afin de prendre en considération leurs besoins spécifiques ou recommandations.
Discussion
Les approches techno-centrées, basées sur des prémisses de plus-value des TIC présentent un certain risque éducatif et financier si elles situent l’apprenante dans une situation de consommation passive ou interactive. Bien que les innovations technologiques de consommation passive ou interactive puissent être motivantes dans une phase initiale, cette motivation liée à l’innovation technologique disparaît rapidement. Par exemple, l’usage d’applications de consommation passive et interactive sur les tablettes mène les apprenants à considérer qu’elles sont un gadget pour s’amuser ou écouter des vidéos (pédagogiques), mais les incite à utiliser des ordinateurs portables pour réaliser leurs activités d’apprentissage de création écrite (Murphy, 2014). Ainsi, même si les usages technologiques liés à la consommation passive ou interactive pourraient avoir un effet initial motivant, leur plus-value pédagogique est très limitée. Nous avons donc trouvé important d’attirer l’attention sur les usages pédagogiques des TIC permettant de développer la modélisation de connaissances au niveau individuel ou collaboratif pour que le potentiel des TIC comme outils cognitifs et métacognitifs. Dans un contexte de compressions budgétaires, il est encore plus important de veiller aux bons choix dans l’usage pédagogique des TIC et de s’assurer que les investissements technologiques et ceux faits en matière de formation puissent permettre le développement d’activités d’apprentissage intégrant des usages pédagogiques des TIC qui se situent aussi aux niveaux 3 à 5 : la création de contenu, la cocréation de contenu et la cocréation participative de connaissances orientée vers la compréhension et la résolution de problèmes. Ces derniers niveaux engagent les apprenantes dans une démarche de création individuelle ou collaborative qui souscrit aux attentes sociales véhiculées, entres autres, par l’OCDE aujourd’hui à la recherche de nouvelles pédagogies pour la vie d’étude et de travail ainsi que pour la vie citoyenne au 21e siècle.
Licence : CC by-nc

mercredi 27 janvier 2016

L'écriture manuscrite et le dessin renouvellent prise de notes et présentations

Sources : Frédéric DURIEZ

Créé le mercredi 13 janvier 2016  |  Mise à jour le lundi 25 janvier 2016
L'écriture manuscrite et le dessin renouvellent prise de notes et présentations
Les textes longs, structurés et séquentiels sont valorisés par le monde académique, parfois aux dépens d'une vision plus globale. L'imagination, la pensée visuelle et la subjectivité ont peu de place dans cet univers.
Pour prendre le contrepied de ces rédactions, mais aussi des présentations séquentielles de type powerpoint, des auteurs ont proposé d'autres techniques pour prendre en notes et élaborer des présentations. Ces approches s'appuient sur l'écriture manuscrite et le dessin.
La prise  de notes visuelle n'est pas une découverte récente. Les voyageurs, les scientifiques et les inventeurs ont utilisé spontanément cette méthode. Les carnets de Léonard mélangent déjà des croquis, des schémas, des dessins d'observation et des textes.
Plus près de nous, Le Macroscope de Joël de Rosnay présente dès 1979 de nombreux schémas, avec des flèches, des boucles de rétroaction, des symboles et des pictogrammes, et un lettrage manuel qui donne à comprendre la hiérarchie des informations.
La version anglaise en ligne montre comment textes et visuels se renforcent.

Sur une serviette en papier...

En 1974, un économiste, Laffer, s'est fait connaître par un schéma sur une serviette de table dans un restaurant. La courbe de Laffer sera un des fondamentaux de la doctrine économique de l'époque Reagan. Selon les convictions de chacun, on retient dès lors qu'un schéma peut beaucoup éclairer, ou au contraire gommer les nuances, et conduire à de mauvaises décisions !
Changer le monde sur un coin de table, en allant à l'essentiel est une idée qui ne peut que séduire. Dan Roam a défendu cette approche à travers quelques ouvrages... qui tiendraient sur trois kilos de serviettes en papier. Les titres sont explicites : Convaincre en deux coups de crayonBLA, BLA, BLA, ne laissez plus les mots desservir vos idées,... Dan Roam nous propose en toute modestie (!) de découvrir et d'expérimenter une nouvelle façon de penser, grâce à ses ouvrages ou à la Napkin academy.

Une présentation "VIVID"

Pour Dan Roam, les présentations et les prises de notes doivent à la fois mobiliser l'expression visuelle et l'écriture. L'acronyme VIVID signifie "Visual and Verbal interconnected". Une idée, pour être compréhensible, doit à la fois pouvoir être exprimée à travers des mots et présentée visuellement. Notre formation a valorisé l'écrit et la pensée linéaire. Dan Roam nous propose de rétablir un équilibre.

Une grammaire, et un vocabulaire

Dan Roam établit une correspondance entre la grammaire linguistique, et sa "grammaire" visuelle qui permet de répondre aux questions "quoi, où, combien, comment, quand, pourquoi...". Pour chacune de ces questions, des représentations visuelles sont proposées à travers ses ouvrages, mais rien n'interdit d'en inventer d'autres. Le "quand" peut ainsi être présenté par une ligne, un planning, un diagramme Gantt, des flèches, les étapes successives d'une action, etc.

Une série de curseurs, pour adapter son travail

Pour adapter notre présentation, Dan Roam nous invite à utiliser une série de curseurs sur différentes dimensions. Comme toujours, il nous donne un acronyme : SQVID : simplicité, qualitatif, vision, individuel et delta (évolution, changement). Ces termes appellent immédiatement leurs opposés : élaboré, quantitatif, exécution, comparaison et statique.

Les principes de Dan Roam s'appuient sur des acronymes, comme celui qui définit les qualités d'une idée VIVID. 
  • F : les idées VIVIDES ont une Forme : Une idée qui s'exprime par une forme simple est plus efficace ;
  • O : les idées VIVIDES incluent les Opposés, elles envisagent les contraires, ou d'autres scénarios. 
  • R : les idées VIVIDES sont Reconnaissables - Il faut rendre les nouvelles idées familières avec des métaphores et des références à ce qui est connu.
  • E : les idées VIVIDES Évoluent - Elles doivent pouvoir être reprises, modifiées, améliorées par d'autres ;
  • S : les idées VIVIDES ne montrent que la Substance - Elles se concentrent sur l'essentiel ;
  • T : les idées VIVIDES Touchent leur cible 
En guise d'illustration, Dan Roam nous démontre que les grands succès en management de ces dernières années respectent ces critères. L'illustration ci-dessous présente quelques images qui ont influencé les entreprises ces dernières années.
forest et les best sellers

Les sketchnotes, prise de note libre et visuelle

Le mot "sketchnote" est une trouvaille de Mike Rohde, l'auteur d'un ouvrage de présentation de la méthode, et de deux livres d'exercices. Les règles du sketchnote sont moins codées que celles que nous venons de voir, elles tiennent en quelques préceptes.
  • utiliser l'espace de la page pour une présentation non linéaire ;
  • relier les concepts et les idées par des flèches ;
  • hiérarchiser les idées par les polices et les tailles de caractères ; par les formes de flèches, etc ;
  • mettre en scène un peu de sa personnalité et de sa subjectivité.
Mike Rohde nous explique que la qualité graphique importe peu. Certes, il ne s'agit pas de produire des dessins élaborés, et la vitesse d'exécution est essentielle. Mais  l'équilibre des pleins et des vides, les rythmes, le lettrage, la sobriété et l'harmonie des couleurs, la fluidité du trait sont essentiels, s'il ne s'agit pas simplement d'une prise de note personnelle.Il suffit de regarder les travaux de Eva Lotta Lamm ou de Catharine Mi-Sook pour se convaincre qu'il est aussi question de style et d'esthétique.
Des virtuoses font parfois l'exercice en direct, lors de conférences ou de présentations. On parle alors de "facilitation graphique". Les comptes twitter de Sketchapensieri, de SketchPost ou de Nicolas Caruso vous donneront un aperçu de ces animations.
Les participants repartent avec une photo des sketchnotes... Une alternative ou un complément au fichier powerpoint sur la clé usb !

Une communauté très active

 Pour vous familiariser avec la technique du sketchnote, vous pouvez visiter les comptes twitter de Mauro ToselliMike RohdeMarc BourguignonChris Spalton... Les personnes d'horizons souvent éloignés qui partagent cette discipline échangent beaucoup, et forment une communauté assez active. 
Ils se retrouvent autour du blog sketchnotearmy qui présente des designers confirmés comme des débutants dans la discipline. Sur twitter, le hashtag #sketchnote amène aussi son lot de découvertes.

Tiens, voilà les neurologues !

Les personnes qui pratiquent le "sketchnoting" insistent sur les bénéfices de la méthode. Cette prise de notes oblige à une grande attention, elle sollicite des mécanismes complexes, reliant l'audition, le visuel, et la réorganisation des idées lues ou entendues. 
Sur ce point, ils retrouvent les conclusions de certains auteurs, pour qui la prise de notes manuscrite serait beaucoup plus efficace que la frappe sur clavier. Notre cerveau réorganise, sélectionne, et s'approprie ce que nous percevons. Le sketchnoting améliorerait ainsi la compréhension et la mémorisation.
Qu'en est-il cependant de leur possibilité de communication ? Il apparaît que les sketchnotes sont rarement autonomes. Si vous n'avez pas assisté à la conférence ou si vous n'avez pas lu l'article auquel ils font références, ils vous seront peu utiles, pour la plupart d'entre eux. En revanche, lorsqu'ils sont réalisés avec talent, comme savent le faire les auteurs cités dans cet article, ils aident à clarifier les propos et à garder en mémoire les éléments essentiels.

Après la calligraphie, voici le "lettrage"

Inspirée de la calligraphie, mais aussi des enseignes et des publicités, de la bande dessinée, voire du graffiti, le lettrage est aussi un retour au subjectif et aux techniques traditionnelles. Il se démarque de la calligraphie par sa grande liberté. Les spécialistes s'appuient sur une solide culture de typographie, mais s'octroient aussi une grande liberté d'exécution. 
Des aphorismes, des citations ou des poèmes sont ainsi écrits à la main, avec des craies, des pinceaux, des marqueurs ou des plumes... Ce travail quasi artisanal redonne une importance aux lettres et aux mots, que l'ordinateur avait rendus impersonnels. 
Mais ce n'est pas toujours si simple. Beaucoup vectorisent leur production, pour en lisser les contours et leur donner un aspect plus professionnel. Et comme les logiciels de dessins imitent les maladresses et les imprécisions des outils traditionnels, on peine à s'y retrouver. 
Beaucoup de passerelles existent entre ces approches. La prise de notes, la présentation des idées ne sont plus automatisées. Une part de subjectivité est possible. Mais surtout , elles nécessitent une mobilisation de plusieurs formes d'intelligences, spatiale ou linéaire, verbale ou visuelle. 
Enfin, les auteurs y consacrent du temps et parfois beaucoup de talent. Ils valorisent les idées qu'ils présentent, et démontrent que la prise de notes peut être un véritable plaisir.
Illustrations : Frédéric Duriez
Ressources
bibliographie
Dan ROAM Convaincre en deux coups de crayon ESF édition
Mike ROHDE The Sketchnote Handbook: the illustrated guide to visual note taking  –  Pearson - 2012
Cristina VANKO Hand-Lettering for everyone - Perigee - 2015
Mike ROHDE - chaine Youtube - consultée le 23 janvier 2016

Héloïse LESSIER sur Up-Inspirer la facilitation graphique : des dessins à dessein - consulté le 20 janvier 2016

Dan ROAM - blog consulté le 23 janvier 2016

Creativite.net - Revue du livre Bla, bla bla de Dan Roam - consulté le 23 janvier 2016 

Cyntia MAY - Magazine Pour la Science : "Faut-il prendre des notes à la main ou sur ordinateur" - février 2015

mardi 26 janvier 2016

Transfert de crédit mondiale

Six universités du monde l'expérience de plan de monde avec MOOCs qui pourrait étendre à d'autres offres en ligne.
Sources :7 janvier 2016
Six universités de l'Australie, l'Europe, le Canada et les États-Unis cherchent à établir une nouvelle alliance dans laquelle massives des cours en ligne ouverts de chaque organisation (de MOOCs) sont officiellement accrédités par les institutions partenaires.
Le système proposé pourrait être similaire au système de transfert de crédits européen, qui permet aux universités de reconnaître notes obtenues par les étudiants pendant leurs études à d'autres institutions de l'Union européenne.

Cependant, le système proposé - impliquant l'Université de technologie de Delft, ETH Zurich - Institut fédéral suisse de technologie de Zurich, l'Université nationale australienne, l'Université du Queensland, l'Université de la Colombie-Britannique et de l'Université de Boston - est considéré comme le premier initiative internationale relative à des cours en ligne.
"Le potentiel de ce régime est énorme, mais nous devons penser clairement», a déclaré Anka Mulder, vice-président de l'éducation et des opérations à Delft.
"Nous devons tracer un système pour voir comment se comparent les qualifications," at-elle ajouté.
Cela nécessitera le consortium pour développer un système de contrôle fiable pour MOOCs et de développer des systèmes de codage de mesurer le niveau et le poids de chaque cours, ainsi que d'examiner les exigences d'entrée pour chaque module.
«Les universités ne peuvent envisager l'intégration d'un MOOC dans un programme régulier si elle est de bonne qualité et produit par une université fiable qu'ils connaissent et ont travaillé avant," dit Mulder.
Toutefois, si une alliance des universités par les pairs sont prêts à reconnaître les uns les autres cours pour le crédit, il serait massivement élargir la gamme des MOOCs sur l'offre et leur valeur pour les étudiants, at-elle expliqué.
Par exemple, Delft propose environ 25 MOOCs, mais environ 200 MOOCs sont susceptibles d'être impliqués dans le projet pilote, si un accord est conclu.
Mulder a comparé le réseau proposé à la compagnie aérienne alliance SkyTeam créée en 2000, dont les transporteurs maintenant transporter environ 612 millions de passagers chaque année.
Une compagnie aérienne individuelle "peut pas voler quelque part, mais cette alliance signifie que quelqu'un peut réserver un billet avec vous pour presque toute destination dans le monde," dit-elle.
De la même manière, le système de transfert de crédits de MOOC serait permettre aux étudiants de suivre des modules avec un certain nombre d'institutions, et les marques résultant pourrait être mis vers un programme de diplôme.
"Delft travaille déjà avec ces universités par les pairs dans les programmes d'échanges d'étudiants et nous sommes conscients des défis et des opportunités qui viennent avec le transfert de crédits entre les universités," a dit Mulder.
"Reconnaissant MOOCs signifie potentiellement beaucoup plus grand nombre d'étudiants de transfert des crédits d'autres institutions, qui est pourquoi nous cherchons à développer cette alliance avec les universités de pairs qui nous connaissent et la confiance," at-elle ajouté.

lundi 25 janvier 2016

Séance sur Internet

Voici la séance proposée par Laure-Estelle Moulin et Léa Tremblay, deux stagiaires de l’ESPE de Paris qui ont enrichi le CDI de leur présence pendant 4 semaines.
Cette séance est la première de la séquence consacrée à Internet. Il s’agit de clarifier des termes qu’on aura de cesse d’utiliser dans les séances suivantes : internet, web, navigateur, moteur de recherche et URL.
Partie 1 : Définitions des termes via un remue-méninges
Après avoir écrit « Internet » au tableau, on demande aux élèves quels outils utilisent-ils pour aller sur internet et à quoi associent-ils ce mot. Les idées des élèves sont inscrits au tableau selon la configuration de l’infographie qui leur sera distribuée plus tard. Une fois le brainstorming terminé, le professeur demande aux élèves quels sont les points communs entre les différents groupes de mots / quelle est la fonctionnalité des outils. Il relie graphiquement les termes et explicite les liens entre eux. Le but est de montrer la distinction entre les différents termes et d’aboutir à une définition.
Par la suite, on distribue aux élèves la fiche de cours et on compare l’infographie avec le tableau pour trouver ce qui aurait été oublié.

Infographie : vocabulaire du web L.E. moulin, L. Tremblay
Partie 2: Exercices
Pour vérifier que les élèves ont bien compris les définitions, ils sont amenés à faire un petit exercice sous forme de devinette (Je sers à… Qui suis-je ?). Quand leur travail a été vérifié et corrigé, les élèves sont invités à répondre à un quiz via esidoc.Ce quiz peut être multijoueur. Mais pour leur première partie, il est demandé aux élèves d’affronter l’ordinateur (afin d’éviter de perdre du temps sur le choix des pseudos, des avatars…).
Bilan :
Il semblerait que les élèves aient acquis le vocabulaire et parviennent à dissocier des termes souvent confondus dans la langue générale, comme on a pu le constater sur les séances suivantes.
Le jeu en ligne est un excellent moyen de motiver les élèves à réfléchir et à apprendre, car ils veulent à tout prix gagner contre l’ordinateur (ou leurs copains). Ils demandent d’ailleurs à pouvoir s’entraîner en dehors des cours d’info-doc. 
Documents associés :
* la fiche élève avec infographie, exercice de compréhension et explications pour retrouver le quiz sur esidoc.

samedi 23 janvier 2016

Le guide de l'open Access pour les nuls et un bénéfice du grand public

Le mouvement promouvant l’accès ouvert (open access en anglais) à la recherche a été lancé avec une belle idée, celle de mettre les résultats de la recherche à la disposition de tous dans des archives ouvertes et des revues ouvertes. Ce mouvement conquiert maintenant le monde pour le plus grand bénéfice des auteurs, des chercheurs, des étudiants, des bibliothèques, des éditeurs, des universités et des centres de recherche. Et, tout aussi important peut-être, pour le bénéfice du grand public, quelle que soit sa formation et quel que soit son parcours professionnel.

Pour en savoir plus, merci de consulter la présentation de l’accès ouvert par Peter Suber. Certains passages ci-dessous sont d’ailleurs inspirés de cette présentation, un des multiples avantages de l’accès ouvert, à savoir pouvoir s’inspirer du travail d’autrui pour nos propres textes dans la mesure où le nom de la source originale et de son auteur sont impérativement cités.

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kate_harbison CC BY SA 2.0





1. Généralités


1.1. Qu’est-ce exactement que l’accès ouvert?
Le mouvement promouvant l’accès ouvert est un vaste mouvement mondial visant à mettre les résultats de la recherche à la disposition de tous. Maintenant que nous avons un réseau mondial dénommé internet, il n’y a plus de raison de faire transiter les articles des chercheurs par le biais de revues scientifiques hors de prix alors que les chercheurs ne sont pas payés pour écrire ces articles puisqu’ils les écrivent dans le cadre de leur travail (et parfois tard le soir ou le week-end à la maison). De plus, en tant que citoyens, nous payons ces chercheurs par le biais de nos impôts et devrions donc pouvoir lire leurs articles gratuitement. L’accès ouvert est bénéfique pour tout le monde, à commencer par les chercheurs, assurés que leur travail est très lu et très utilisé. N’est-ce pas ce que souhaite tout chercheur digne de ce nom?
1.2. Quelle est l’origine de l’accès ouvert?
Le mouvement promouvant l’accès ouvert a été lancé par la Budapest Open Access Initiative (BOAI – Initiative de Budapest pour l’accès ouvert), un texte public signé en février 2002 par quelques pionniers de l’accès ouvert. Dix ans plus tard, ces mêmes pionniers rejoints par d’autres pionniers se sont retrouvés pour signer les BOAI10 Recommendations, sous-entendu de nouvelles recommandations dix ans après la signature de la BOAI pour que tous les résultats de la recherche – dans tous les domaines et toutes les langues – soient systématiquement en accès ouvert dans dix ans au plus tard (en 2022 ou avant).
1.3. Quel est le champ d’action de l’accès ouvert?
Ce mouvement mondial concerne d’abord les revues académiques – et donc les chercheurs – dans tous les domaines, aussi bien scientifiques que littéraires. Ces chercheurs écrivent des articles dans le cadre de leur travail pour faire part de l’avancement de leur recherche à leurs collègues – et au monde – et pour contribuer à l’avancement de leur carrière avec une liste de publications à leur actif, qui leur permet parfois d’envisager une promotion ou même un poste permanent. La mise à disposition gratuite de leurs articles ne constitue pas de manque à gagner financier pour eux. Elle leur assure au contraire une audience mondiale. Maintenant que tout le monde (ou presque) a l’internet, y compris via son smartphone et sa tablette, il n’y a plus de raison pour que les éditeurs de revues académiques touchent de gros profits sur des articles dont ils ne paient pas les auteurs, d’autant plus qu’ils ne paient pas non plus les directeurs de publication et les membres du comité de lecture (à de très rares exceptions près).
1.4. L’accès ouvert concerne-t-il uniquement les revues scientifiques?
Le mouvement en faveur de l’accès ouvert n’est pas limité aux revues scientifiques (y compris académiques et littéraires), même si ce domaine est prioritaire pour le moment. Ce mouvement concerne aussi les livres (scientifiques ou non), la musique et les films, à la différence près que les auteurs gagnent des royalties sur ces œuvres. Les auteurs de livres scientifiques sont de plus en plus nombreux à choisir un accès ouvert pour leurs livres, suite à un accord avec leur éditeur. Si l’auteur ne gagne pas plus de royalties, il gagne le plus important, à savoir être lu. Il peut par exemple proposer une version imprimée payante et une version numérique gratuite. Tout dépend des priorités que se donne l’auteur (royalties ou diffusion) et des possibilités que lui offre son éditeur. Chose très importante, on conseille souvent aux auteurs de conserver leurs droits sur leurs articles ou leurs livres (ou au moins une partie de ces droits), et de ne pas céder tous leurs droits à un éditeur comme par le passé. On leur conseille aussi d’utiliser une licence Creative Commons, qui permet la réutilisation de leur travail par d’autres chercheurs tout en gardant la paternité de ce travail.
1.5. Qu’est-ce qu’une archive ouverte?
Une archive ouverte est une archive en ligne permettant aux chercheurs de déposer leurs publications pour les mettre à la disposition de tous. Ces archives ouvertes contiennent d’une part des articles non encore évalués par un comité de lecture en vue d’une publication dans une revue (souvent appelés prépublications oupreprints) et d’autre part des articles acceptés, relus et validés pour publication dans une revue (souvent appelés post-publications ou postprints), que cette revue soit en accès ouvert ou payant. De plus en plus de revues payantes donnent leur accord pour le dépôt des articles dans une archive ouverte, avec accès ouvert immédiat ou différé (par exemple au bout de six mois).
1.6. Existe-t-il beaucoup d’archives ouvertes?
De plus en plus d’universités et de centres de recherche ont leur propre archive ouverte, à commencer par des universités de réputation mondiale comme Harvard avec DASH (Digital Access to Scholarship at Harvard) ou le MIT (Massachusetts Institute of Technology) avec DSpace@MIT. En général, les archives ouvertes sont soit institutionnelles soit thématiques, par exemple arXiv pour la physique et les maths. Certaines archives ouvertes ne sont pas limitées aux articles et peuvent inclure aussi des thèses, des mémoires, des livres, du matériel pédagogique et des fichiers audio et vidéo, entre autres. Le nombre d’archives ouvertes est en augmentation constante, avec deux grands répertoires mondiaux, ROAR (Registry of Open Access Repositories) et OpenDOAR (Directory of Open Access Repositories) pour s’y retrouver.
1.7. Qu’est-ce qu’une revue ouverte?
Une revue scientifique ouverte fonctionne comme une revue scientifique payante, avec comité de lecture et relecture des articles. La différence avec cette dernière est que les articles acceptés sont mis à la disposition de tous gratuitement, pour pouvoir être lus sans délai par d’autres chercheurs et par un large public. La gestion d’une revue ouverte n’est pas gratuite, bien entendu, mais les coûts sont payés en amont pour que le lecteur puisse la lire gratuitement, selon le principe d’une émission de radio ou de télévision. Payer une émission à l’unité nous semblerait totalement incongru. Mais nous nous ruinons pour lire des articles publiés dans des revues scientifiques payantes. Ou alors ce sont nos bibliothèques qui se ruinent, alors que leurs budgets sont eux aussi affectés par la crise. Les revues ouvertes apportent une solution à ces problèmes. Le coût de fonctionnement d’une revue ouverte peut être couvert par des subventions, des sponsors, des bannières publicitaires ou des frais de publication demandés aux auteurs. Ces frais de publication sont le plus souvent pris en charge par leur institution et ne concernent qu’une minorité de revues.
1.8. Que vont devenir les revues payantes?
Les revues ouvertes cohabitent paisiblement avec les revues payantes. Mais certains éditeurs de revues payantes voient maintenant diminuer les profits énormes dégagés sur les articles publiés – alors que leurs auteurs ne sont pas payés pour écrire ces articles, rappelons-le. Ces revues payantes avaient une utilité certaine avant l’apparition de l’internet puisque c’était le seul moyen qu’avaient les chercheurs de communiquer les résultats de leur recherche entre deux livres. Le prix de ces revues était également tout à fait abordable jusqu’à une époque récente, avec un abonnement payant permettant aux éditeurs de ces revues de couvrir leurs coûts de fonctionnement. Mais le prix de ces revues a explosé depuis les années 1970 pour atteindre maintenant une somme astronomique dans le cas de revues de réputation mondiale. Certains grands éditeurs comme Elsevier dégagent des profits supérieurs à ceux des plus grandes multinationales. Lire des revues scientifiques ne devrait pas être réservé à une élite. Les revues ouvertes sont accessibles à tous, riches ou pauvres, avec ou sans diplôme, que nous soyons étudiants, dans la vie active ou retraités.
1.9. Y a-t-il un problème de qualité avec les revues ouvertes?
La qualité ou l’absence de qualité concerne toutes les revues académiques (scientifiques et littéraires), qu’elles soient ouvertes ou payantes. L’avantage des revues ouvertes est que tout le monde peut les lire, quel que soit son budget, et que les auteurs sont assurés d’une audience mondiale. De plus, nombre d’études récentes montrent que la qualité des revues ouvertes est au moins égale sinon supérieure à celle des revues payantes, et que les articles en accès ouvert sont davantage téléchargés, utilisés et cités. Il est vrai aussi que ces revues ouvertes sont plus récentes et donc souvent moins connues des chercheurs en quête d’une revue prestigieuse dans laquelle publier leur article, chose utile à leur carrière. Mais certaines revues ouvertes ont rapidement acquis une réputation d’excellence comparable à celles des meilleures revues payantes, par exemple les sept revues scientifiques gratuites de haut niveau lancées par la Public Library of Science (PLOS), dont PLOS ONE, la plus connue.
1.10. Faut-il se méfier des arnaques?
Avec le succès du mouvement pour l’accès ouvert, on assiste à l’apparition de fausses revues «scientifiques» ouvertes, surtout anglophones, destinées à arnaquer le chercheur, avec un comité de lecture bidon, et ne s’intéressant bien sûr qu’aux frais de publication qu’il va devoir débourser pour se voir publié. Mais ce n’est pas la première fois qu’une belle idée est détournée de son but premier à des fins mercantiles assez écœurantes, et ce n’est pas la première fois non plus qu’on voit débarquer des sites véreux sur le web. S’il veut publier ses articles dans une revue ouverte, le chercheur peut explorer le DOAJ (Directory of Open Access Journals), un répertoire de revues scientifiques en accès ouvert dans de nombreuses langues et de nombreux pays.


Open Access: Dawning of a New Day
Gideon Burton, CC BY SA 2.0


2. Terminologie

2.1. Quelle est la définition de l’accès ouvert la plus connue?
La définition la plus connue est celle de la Budapest Open Access Initiative (BOAI – Initiative de Budapest pour l’accès ouvert) qui, en février 2002, définit l’accès ouvert ainsi: «Il existe de nombreux degrés et de nombreuses formes d’accès plus large et plus facile à la littérature de recherche. Par “accès ouvert” à cette littérature, nous entendons sa libre mise à disposition sur l’internet public, permettant à tout usager de lire, télécharger, copier, diffuser et imprimer ces articles, de lancer une recherche dans ces articles, de créer un lien vers le texte intégral de ces articles, de les compiler pour les indexer, de les convertir en données pour traitement logiciel, et de les utiliser à toute autre fin légale, sans barrières financières, juridiques ou techniques autres que celles de l’accès à l’internet lui-même. La seule contrainte pour reproduire et diffuser cette littérature et le seul rôle du droit d’auteur dans ce domaine devraient être de donner aux auteurs le moyen de contrôler l’intégrité de leur travail et le droit d’être mentionnés et cités de manière adéquate.» (traduction de l’auteure)
2.2. Pourquoi «open access» est-il souvent traduit par «accès libre» en français?
Traduire «open access» par «accès libre» et non par «accès ouvert» me semble une interprétation et non une traduction. Puisque le français dispose du terme «ouvert» pour traduire «open», autant l’utiliser. Lorsque le mouvement en faveur de l’accès ouvert a été lancé il y a douze ans, le but était aussi de lancer un nouveau concept, proche de l’accès libre, il est vrai, mais plus récent et un peu différent. Si l’accès libre touche de nombreux supports, l’accès ouvert toucherait en priorité les publications – d’abord les revues scientifiques, puis les livres scientifiques, puis toute forme de publication, multimédia ou non. Nos amis espagnols ont d’emblée traduit «open access» par «acceso abierto», nos amis italiens par «accesso aperto», nos amis portugais par «acesso aberto», nos amis roumains par «acces deschis», nos amis catalans par «accés obert», etc. Dans le monde francophone, le fait d’avoir traduit «open access» par «accès libre» ne nous permet pas de distinguer «open access» (accès ouvert) de «free access» (accès libre) dans le même texte puisque nous utilisons le même terme, d’où de nombreuses confusions sur un sujet qui n’est déjà pas si facile à comprendre, sans parler des nombreuses difficultés de traduction.
2.3. Quelle est la différence entre «accès ouvert gratis» et «accès ouvert libre»?
Les termes «gratis» et «libre» sont empruntés à la terminologie des mouvements apparentés du logiciel libre ou du logiciel à source ouverte (ou logiciel open source). En résumé, le champ de l’accès ouvert gratis est moins large que celui de l’accès ouvert libre. L’accès ouvert gratis ne supprime que les barrières liées au prix de vente (ou d’abonnement). Il n’a aucun coût mais n’est pas libre de restrictions liées au droit d’auteur et aux licences d’utilisation. Les usagers doivent se limiter au droit de citation (dénommé fair use par nos amis américains et fair dealing par nos amis anglais) ou demander l’autorisation pour une utilisation plus large de l’œuvre. L’accès ouvert gratis ne concerne donc que la gratuité de l’œuvre en tant qu’objet et ne concerne pas la gratuité de l’œuvre en tant qu’ensemble d’idées. Par contre, l’accès ouvert libre supprime à la fois les barrières liées au prix de vente (ou d’abonnement) et les barrières liées à la nécessité d’autorisations, ou tout au moins certaines de ces dernières. Il concerne la gratuité de l’œuvre à la fois en tant qu’objet et en tant qu’ensemble d’idées. Il est donc préférable de choisir l’accès ouvert libre si possible.
2.4. En quoi les revues ouvertes se distinguent-elles des archives ouvertes?
La différence essentielle réside dans l’évaluation ou non des articles, avec une évaluation dans les revues ouvertes – avec validation ou non des articles par un comité de lecture – et l’absence d’évaluation dans les archives ouvertes. Cette différence entraîne aussi d’autres différences pour les coûts de lancement et les coûts de gestion.
2.5. À quoi correspondent les termes «voie dorée» et «voie verte»?
La dénomination «voie dorée» (gold OA) concerne les revues ouvertes – quel que soit leur modèle économique – tandis que la dénomination «voie verte» (green OA) concerne les archives ouvertes. La distinction entre «voie verte» et «voie dorée» permet de distinguer les lieux et moyens de diffusion. Elle ne concerne pas les droits des usagers ou les degrés d’ouverture de l’accès ouvert. Certaines revues payantes adoptent elles aussi la voie verte en permettant aux auteurs de déposer les articles validés par un comité de lecture dans des archives ouvertes.
2.6. Quelle est la différence entre une prépublication et une post-publication?
Le terme «prépublication» («preprint» en anglais) s’applique à toute version d’un article antérieure à son évaluation par un comité de lecture puis à une publication dans une revue. Il s’agit en général de la version soumise à la revue. Le terme «post-publication» («postprint» en anglais) s’applique à toute version approuvée après évaluation par un comité de lecture. Il existe deux types de post-publications: (a) celles qui ont été évaluées par un comité de lecture mais non encore révisées, (b) celles qui ont été à la fois évaluées par un comité de lecture, révisées et validées. Certaines revues payantes autorisent leurs auteurs à déposer les premières mais pas les secondes dans une archive ouverte.
2.7. Pourquoi l’accès ouvert concerne-t-il d’abord les revues scientifiques?
L’accès ouvert concerne d’abord les revues scientifiques parce qu’il permet aux auteurs des articles – qui ne sont pas payés pour écrire ces articles, rappelons-le – de choisir une diffusion en accès ouvert sans perte de revenus. Les universitaires et autres chercheurs écrivent des articles à la fois pour participer à l’avancement du savoir dans leur domaine et pour contribuer à l’avancement de leur carrière. Ils écrivent pour l’impact et non pour l’argent. Comme les universitaires ne gagnent pas d’argent sur les articles de revues, ils sont plus enclins à accepter une diffusion en accès ouvert que les auteurs de livres, les musiciens et les cinéastes, qui gagnent des royalties sur leurs œuvres. Autre facteur important, le choix de l’accès ouvert pour une revue scientifique entraîne également une réduction des coûts pour l’éditeur de cette revue.
2.8. L’accès ouvert se limite-t-il à la littérature scientifique?
L’accès ouvert ne se limite pas à la littérature scientifique. Il peut s’appliquer à tout contenu numérique, par exemple des données brutes ou semi-brutes, des images, des fichiers audio, vidéo ou multimédia ou encore des logiciels. Il peut s’appliquer aussi à des œuvres qui sont d’emblée numériques ou alors à des œuvres plus anciennes qui ont été numérisées, comme la littérature du domaine public ou les œuvres de toutes sortes constituant notre héritage culturel.
2.9. L’accès ouvert est-il envisageable pour les livres payants?
Tout à fait. Les livres payants – par exemple les monographies de recherche, les manuels et même les romans – peuvent être en accès ouvert à partir du moment où les auteurs donnent leur accord. Dans un premier temps, ces auteurs étaient assez réticents à l’idée de mettre leurs livres en accès ouvert parce qu’ils craignaient une perte de revenus. Mais ces auteurs sont maintenant nombreux à voir les bénéfices de l’accès ouvert, à commencer par une audience accrue, plus importante à leurs yeux que les royalties qu’ils vont toucher. Ils pensent aussi que l’accès ouvert à leurs monographies va entraîner une augmentation des ventes des versions imprimées, un facteur qui s’est souvent avéré vrai. Ces dernières années, les auteurs de monographies de recherche sont de plus en plus nombreux à mettre leurs livres en accès ouvert.


Open Access Week Wikipedia Edit-a-thon
Julia Forsuthe, CC BY 2.0


3. Les revues ouvertes

3.1. Les revues ouvertes sont-elles gratuites à produire?
Les revues scientifiques ouvertes ne sont certainement pas gratuites à produire, mais elles sont nettement plus économiques à produire que les revues scientifiques payantes, même si ces dernières sont uniquement diffusées en ligne et n’ont pas (ou n’ont plus) de version imprimée. Le modèle économique propre aux revues ouvertes est de trouver de meilleures formules pour couvrir les frais que de demander aux lecteurs de payer l’accès aux articles et de créer ainsi des barrières d’accès au savoir scientifique.
3.2. En quoi les revues ouvertes sont-elles plus économiques à produire que les revues payantes?
L’accès ouvert élimine le fait de devoir gérer des abonnements (à savoir le fait de solliciter des abonnés potentiels, recenser les abonnés existants et encaisser le prix des abonnements). L’accès ouvert élimine la nécessité de gérer des droits numériques (le fait d’authentifier les usagers, de distinguer les usagers autorisés des usagers non autorisés, et de bloquer l’accès des usagers non autorisés). L’accès ouvert réduit ou élimine les frais juridiques (le fait de rédiger des licences restrictives et de les faire appliquer). L’accès ouvert élimine le marketing traditionnel et dépend uniquement de supports gratuits: moteurs de recherche, blogueurs, forums de discussion, étiquetage social et réseaux sociaux.
3.3. Qu’en est-il de l’évaluation des articles dans les revues ouvertes?
L’évaluation des articles par un comité de lecture est un processus essentiel pour les revues ouvertes comme pour les revues payantes. L’évaluation dans des revues ouvertes utilise les mêmes procédures, les mêmes normes et jusqu’aux mêmes personnes (directeurs de publication et membres des comités de lecture) que les revues payantes. Si ces personnes font en général don de leur travail, cette évaluation a toutefois un coût pour distribuer les fichiers aux membres du comité de lecture, contrôler qui fait quoi, suivre la progression du travail, relancer les retardataires, recueillir les commentaires sur les articles proposés et les transmettre aux bonnes personnes, faciliter la communication des uns avec les autres, rassembler les informations utiles, et ainsi de suite. Des logiciels – notamment des logiciels libres ou à source ouverte (open source) – permettent d’automatiser ces tâches.
3.4. Quel est le modèle économique utilisé par les revues ouvertes?
Il n’existe pas un modèle économique mais plusieurs modèles économiques pour les revues ouvertes. Ces revues ouvertes financent les coûts nécessaires à leur fonctionnement de la même manière que les chaînes de télévision ou les stations de radio qui – depuis longtemps – financent les coûts de production en amont pour nous permettre d’accéder gratuitement au contenu qu’elles proposent. Il existe plusieurs cas de figure. Certaines revues reçoivent une subvention accordée par une université ou par une association professionnelle. D’autres revues facturent des frais de publication pour les articles acceptés, ces frais étant payés par l’auteur ou par le sponsor de l’auteur (employeur ou agence de financement). Quel que soit le modèle économique choisi, les frais réels d’une revue ouverte (évaluation des articles, traitement des manuscrits, diffusion en accès ouvert) sont très inférieurs aux frais d’abonnement (souvent hors de prix) d’une revue payante. Il existe de nombreuses façons de payer les coûts en amont afin que les lecteurs puissent accéder gratuitement au contenu des revues scientifiques. Ces modèles économiques sont très différents selon les domaines et selon les pays et ils sont en évolution constante.
3.5. Qu’en est-il des frais de publication payés par l’auteur?
La majorité (70%) des revues ouvertes ne facture pas de frais de publication aux auteurs, y compris celles qui reçoivent des subventions institutionnelles. Les revues ouvertes facturant des frais de publication suppriment le plus souvent ces frais si l’auteur a des difficultés économiques. Certaines revues ouvertes ont des frais de publication peu élevés parce qu’elles disposent de revenus provenant d’autres publications (par exemple des livres) ou provenant de la publicité ou de services annexes. Certains organismes et certains consortiums proposent des remises sur les frais de publication. Certains éditeurs de revues ouvertes (par exemple BioMed Central et la Public Library of Science) suppriment les frais de publication pour tous les chercheurs affiliés à des institutions qui ont souscrit un abonnement annuel à leurs services.
3.6. Les frais de publication sont-ils plus fréquents dans une revue ouverte?
La majorité des revues ouvertes (70%) ne facture pas de frais de publication à la charge des auteurs. Par contre, contrairement à ce qu’on peut penser, la majorité des revues payantes (75%) facture des frais de publication à leurs auteurs. Lorsque les revues ouvertes facturent des frais de publication, ces frais sont le plus souvent (à 88%) pris en charge par les sponsors des auteurs (employeurs ou agences de financement) ou alors supprimés, et ne sont donc pas payés de la poche des auteurs. De plus en plus d’universités ont un budget spécifique destiné à payer les frais de publication de leurs professeurs et chercheurs lorsque ceux-ci choisissent de publier leurs articles dans des revues ouvertes à participation payante.


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Kate_Harbison, C BY SA 2.0


4. Les archives ouvertes

4.1. En quoi consiste l’archive ouverte d’une université?
L’archive ouverte d’une université permet non seulement d’assurer la diffusion des articles qui y sont déposés mais aussi leur conservation à long terme. Une archive ouverte ne propose pas d’évaluation par un comité de lecture, mais les articles déposés dans ces archives ont été le plus souvent évalués par ailleurs ou alors ils sont en cours d’évaluation pour publication dans une revue scientifique. Une archive ouverte peut contenir des prépublications (versions soumises à une revue), des post-publications (versions approuvées par une revue) ou les deux. Elle peut comprendre aussi des thèses et mémoires, du matériel d’enseignement pour les cours, des bases de données, des fichiers audio et vidéo, des fichiers numérisés de fonds spécialisés, etc. Le coût de gestion d’une archive ouverte est très variable puisqu’il dépend du nombre de services procurés aux chercheurs.
4.2. Quel est le rôle des universités?
Les universités peuvent conseiller sinon demander (ou même exiger) que les articles publiés par leur corps enseignant soient en accès ouvert. Les universités sont d’ailleurs de plus en plus nombreuses à instituer une réglementation dans ce sens. Déposer de nouveaux articles ne prend que quelques minutes et l’archivage est fait par les chercheurs eux-mêmes. De plus, l’accès ouvert est très bénéfique à l’image de marque des universités. Les archives ouvertes favorisent la visibilité des articles de leurs auteurs, la visibilité des auteurs eux-mêmes et la visibilité de leur institution.
4.3. Quel est le rôle des agences de financement?
Les agences de financement jouent elles aussi un rôle essentiel dans ce domaine, et demandent souvent aux auteurs subventionnés de mettre leurs articles en accès ouvert. Le retour sur investissement s’en trouve accru puisque l’accès ouvert rend les résultats de la recherche subventionnée plus accessibles, plus faciles à trouver, plus faciles à télécharger, et donc plus utiles. Pour les agences de financement utilisant des fonds publics, l’accès ouvert permet de mettre cette recherche à la disposition des contribuables (dont les impôts alimentent les fonds publics).
4.4. Qu’est-ce exactement que le protocole de l’OAI?
Le protocole de l’OAI (Open Archives Initiative) est un protocole d’interopérabilité entre les archives. Les archives ouvertes sont donc plus utiles si elles se conforment à ce protocole. En pratique, ceci signifie que les usagers peuvent trouver un article dans une archive conforme au protocole de l’OAI sans se soucier de savoir au cas par cas quelles archives existent, où elles se trouvent et ce qu’elles contiennent. Les usagers se soucient seulement de trouver l’article ou les articles dont ils ont besoin. Toute université dans tout pays devrait avoir sa propre archive ouverte conforme au protocole de l’OAI.



5. L’accès ouvert pour les auteurs

5.1. En quoi l’accès ouvert décuple-t-il la portée d’un article scientifique?
Outre une audience mondiale bien supérieure à celle de la meilleure revue payante, un article en accès ouvert accroît la possibilité pour les lecteurs de trouver cet article (souvent au moyen d’un logiciel libre ou à source ouverte), de le lire et de le télécharger. Comme il n’existe plus de barrières d’accès liées au prix de vente (ou d’abonnement), l’article est donc accessible à tous les lecteurs, quel que soit leur niveau de vie. L’accès ouvert facilite aussi des activités de tous ordres sur un article donné: recherche plein texte, indexation, extraction des données, résumé d’un texte, traduction, création de liens vers un texte, recommandation d’un texte, signalement d’un texte, inclusion d’un texte dans un mash-up (à savoir un contenu rassemblé à partir de nombreuses sources différentes), etc.
5.2. Qu’en est-il du droit d’auteur pour les articles en accès ouvert?
La base légale de l’accès ouvert est le consentement du détenteur des droits d’auteur, qui est le plus souvent l’auteur mais qui peut être aussi son éditeur si l’auteur lui a cédé ses droits. Comme l’accès ouvert se base sur le consentement de l’auteur (ou de l’éditeur), il ne requiert pas la réforme, l’abolition ou la violation de la législation existante sur le droit d’auteur. En outre, il existe une solution simple, efficace et de plus en plus populaire pour indiquer qu’un article est en accès ouvert, à savoir l’utilisation d’une licence Creative Commons (il en existe plusieurs pour répondre à divers cas). En utilisant une licence Creative Commons, l’auteur (ou l’éditeur) consent ainsi à l’avance à l’utilisation sans restriction du texte intégral de son article (ou de son livre) pour lecture, téléchargement, copie, partage, stockage, impression, recherche dans le texte, création de liens vers l’article et compilation du texte intégral de l’article. Selon la licence Creative Commons choisie, l’auteur peut également autoriser ou bloquer la réutilisation commerciale de son article, ou alors autoriser ou bloquer la modification de son article par d’autres auteurs.
5.3. Les auteurs ont-ils besoin d’une autorisation pour déposer leurs articles dans une archive ouverte?
Les auteurs n’ont pas besoin d’une autorisation pour déposer leurs prépublications dans une archive ouverte. Lorsqu’ils finissent de rédiger une prépublication, ils sont toujours détenteurs des droits d’auteur sur ce texte. Si une revue refuse de considérer les articles ayant circulé en tant que prépublication, il s’agit d’une politique de soumission des articles propre à cette revue (souvent appelée règle Ingelfinger) et non d’une obligation spécifiée dans la législation sur le droit d’auteur. Dans tous les cas, même s’il cède certains de ses droits à un éditeur, l’auteur doit conserver le droit de déposer ses articles dans une archive ouverte, pour pouvoir les déposer de son propre chef sans devoir négocier avec son éditeur.
5.4. Qu’en est-il lorsque l’auteur transfère ses droits d’auteur à un éditeur?
Si l’auteur transfère ses droits à un éditeur, le fait de déposer un article dans une archive ouverte requiert l’autorisation de cet éditeur. La majorité des éditeurs (plus de 60%) autorise déjà d’emblée l’archivage des post-publications. Nombre d’éditeurs ne l’autorisant pas d’emblée donnent cette autorisation lorsque celle-ci est demandée. Presque tous les éditeurs donnent leur accord si le dépôt des articles dans une archive ouverte est exigé par l’agence de financement subventionnant l’auteur ou bien par l’employeur de l’auteur. Mais, même si les éditeurs donnent cette autorisation dans leur majorité, ils sont encore nombreux à ne pas la donner. En outre, nombre d’entre eux posent plusieurs conditions à cette autorisation et certains ajoutent même de nouvelles restrictions telles que des frais de publication ou des périodes d’embargo.
5.5. Est-il préférable que l’auteur conserve l’essentiel de ses droits?
Il est en effet préférable que l’auteur conserve au moins le droit de mettre ses articles dans une archive ouverte s’il ne peut pas conserver l’ensemble de ses droits par le biais d’une licence Creative Commons (ou d’une autre licence similaire). Pour conserver le droit de mettre ses articles dans une archive ouverte, l’auteur peut utiliser un addendum permettant de modifier l’accord standard du transfert de ses droits vers l’éditeur (des modèles d’addendum sont proposés dans l’Open Access Directory – OAD). Mais il est préférable que l’auteur autorise l’accès ouvert à son article lorsqu’il est encore détenteur de ses droits. Ainsi il n’aura pas besoin de demander l’autorisation de son éditeur par la suite et il n’aura pas besoin non plus de se demander s’il ne viole pas la législation sur le droit d’auteur en mettant ses articles en accès ouvert. Certaines agences de financement (par exemple le Wellcome Trust et le National Institutes of Health – NIH) exigent des auteurs qu’ils conservent l’essentiel de leurs droits lorsqu’ils publient leurs articles dans des revues. Dans certaines universités (par exemple Harvard et le MIT), le corps enseignant accorde d’emblée à l’université le droit non exclusif de diffuser leurs publications en accès ouvert.
5.6. L’implication des auteurs est-elle essentielle pour promouvoir l’accès ouvert?
L’implication des auteurs est en effet essentielle pour promouvoir l’accès ouvert. Comme la majorité des éditeurs et des revues autorise d’emblée le dépôt des articles dans des archives ouvertes, il appartient aux auteurs de saisir cette opportunité. Cela signifie que les auteurs peuvent publier leurs articles dans pratiquement n’importe quelle revue acceptant leur travail (revue ouverte ou non) tout en mettant aussi leurs articles à la disposition de tous dans une archive ouverte. Ces articles seront ainsi plus faciles d’accès pour les lecteurs, avec une audience accrue, et ils auront aussi un meilleur impact pour les chercheurs, à la fois pour l’avancement de leur recherche et pour leur carrière.


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