MOOC, SPOC, CaS et FAD sont dans un bateau...
Créé le mardi 19 novembre 2013 |
Mise à jour le mercredi 18 décembre 2013
Gallica, BNF
Qu'est-ce que la formation à distance (FAD)
? De la formation qui peut être suivie à distance de l'établissement qui la dispense. La FAD existe depuis longtemps et a des millions d'adeptes de par le monde, notamment dans les pays en développement, rappelle Tony Bates dans un récent article : un million d'étudiants à distance dans les universités turques, des centaines de milliers au Pakistan, au Nigéria, en Afrique du Sud...
Au total, l'UNESCO estime que dans les pays en développement, 21 millions d'étudiants suivent des cursus universitaires à distance.
Ces étudiants ont-ils besoin des MOOCs universitaires ? Non, et d'ailleurs, les MOOCs ne sont pas fait pour eux, car le visionnage des vidéos exige une bonne connection Internet, signale encore Tony Bates.
Les cours sur plateforme sont à ce niveau beaucoup plus accessibles. Et les plus accessibles de toutes les FAD, ce sont évidemment celles qui passent encore par le papier ou la radio...
Le problème, c'est que les grandes plateformes américaines de MOOCs tentent de kidnapper le terme de Formation à distance à leur profit, de la réduire à un modèle unique.
Le CaS du MOOC
C'est aussi contre cela que s'élève Joshua Kim, dans un article publié sur le site Inside Higher Ed. En fait, il récuse tous les termes de l'acronyme MOOC, sauf un :Massif : pas toujours, surtout si l'on considère non le nombre d'inscrits, mais le nombre de ceux qui vont jusqu'au bout du cours.
Open : encore moins. La plupart des MOOCs sont "ouverts" pendant une certaine période seulement (le cours a un début et une fin), et ses éléments ne peuvent pas être extraits de l'ensemble. Ils ne sont donc guère réutilisables un par un (pas de granularisation, comme on dit en formation en ligne).
Online : oui, bien sûr, comme tout ce qui est mis sur la toile. Ce n'est donc plus un caractère différenciant ou un élément de valeur.
Course : oui, absolument. "Le MOOC est un cours dans la mesure où il commence à une date donnée et il progresse au fil du temps avec un groupe défini d'apprenants".
Que faire de ce "C" tout seul ? Joshua Kim suggère de remplacer l'acronyme MOOC par CaS, Course at Scale, c'est à dire cours à l'échelle. Ce qui aurait l'avantage d'indiquer clairement les enjeux de l'entreprise : "Un CaS a des objectifs et des buts bien différents de nos cours "réguliers".
Un CaS est explicitement conçu pour fonctionner à l'intérieur du cadre de l'économie d'Internet. C'est à dire qu'il doit permettre d'ajouter des étudiants supplémentaires à un coût proche de zéro".
Et Kim de préciser bien entendu que ce but n'est absolument pas celui des cours "réguliers", qui se fondent sur l'interaction productive entre apprenants et enseignant, ce qui crée leur valeur spécifique. Kim qui parle en tant qu'enseignant universitaire, ne sait sans doute pas qu'il existe des dispositifs d'apprentissage de grande valeur qui se passent d'enseignant au sens strict du terme, et qui ont leur équivalent massif (les cMOOCs).
Au secours, mon MOOC se transforme en SPOC !
On peut aussi utiliser le "C" des MOOCs pour les transformer en SPOC : small private online classes, ou petits cours privés en ligne.Sur Slate, Will Oremus vante l'utilisation de ces SPOC dans des dispositifs hybrides : un MOOC est suivi par une classe, elle-même encadrée par un enseignant, qui intègre le cours en ligne comme une ressource supplémentaire à son propre cours.
Dans le MOOC ITyPA, nous avons vérifié la pertinence de cet usage : plus de 50 lieux actuellement utilisent le cours ITyPA comme une ressource d'apprentissage parmi d'autres, pour renforcer l'utilisation d'Internet pour apprendre avec des publics très variés : étudants universitaires, enseignants, formateurs, demandeurs d'emploi, seniors, salariés en emploi... Peu nous importe finalement le nom qui est donné à cet objet porteur d'apprentissage. Ce qui compte, c'est qu'ITyPA se montre aussi souple, autorise des appropriations si variées.
Revenons à Tony Bates qui, s'adressant aux responsables universitaires, insiste fermement sur la nécessité absolue de ne pas se laisser aveugler par la vogue des MOOCs et de ne pas y voir la seule forme viable de formation à distance. Il leur recomande de continuer à développer les différentes formes de la formation à distance, pour répondre aux besoins spécifiques des différents groupes d'apprenants.
Car, prévient-il, d'ici quelques années les universités accueilleront sans doute autant de personnes en formation continue que d'étudiants en formation initiale. Et cela ne se fera sans doute pas dans les murs des universités, mais via des dispositifs de formation à distance utilisant un peu, beaucoup ou pas du tout (pour un certains temps encore, et avec certains publics) les moyens numériques pour atteindre les apprenants.
Références :
Bates, Tony. "Is there a future for distance education?" Tony Bates. Last modified 23 octobre 2013. http://www.tonybates.ca/2013/10/23/is-there-a-future-for-distance-education/.
Kim, Joshua. "Rebranding: "MOOC" to "CaS"." Inside Higher Ed. 27 octobre 2013. http://www.insidehighered.com/blogs/technology-and-learning/rebranding-mooc-cas.
Oremus, Will. "Cours en ligne: pour réenchanter la révolution Mooc, passez aux Spoc." Slate.fr. 20 octobre 2013. http://www.slate.fr/story/78916/mooc-cours-internet-spoc.
MOOC ITyPA, deuxième saison : http://mooc.fr/itypa2/
Illustration : Gallica, Bibliothèque nationale de France : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6915616m
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