mercredi 31 décembre 2014

Les styles d'apprentissage, une vaste rigolade ?

Créé le mardi 9 octobre 2012  |  Mise à jour le mercredi 14 novembre 2012
Les styles d'apprentissage, une vaste rigolade ?
Depuis 2010, les articles académiques et grand public se multiplient aux Etats-Unis pour dénoncer ce que certains appellent "l'imposture" ou "l'erreur" des styles d'apprentissage. Non que ce concept ne recouvre certaines réalités évidentes : les apprenants n'apprennent pas tous de la même façon, pas la peine d'être diplômé en psychologie ou en neurosciences pour le savoir; mais ce qui est fortement remis en cause aujourd'hui, c'est l'utilisation faite de cette théorie dans la conception et l'animation de formations, en présence ou en ligne. 
Les éducateurs sont donc les premiers touchés par la remise en cause de l'importance des styles d'apprentissage.

Aucune vérification de la théorie par la recherche

Quels sont donc les termes de cette remise en cause ? Dans un article intitulé "Challenging the Notion of Learning Styles", Maryellen Weimer les résume ainsi : 
- Les tenants des styles d'apprentissage estiment que "les apprenants ont des préférences en matière d'apprentissage qui sont indépendantes de leurs habiletés et des contenus, et qui ont des implications significatives sur leurs apprentissages" et que le formateur doit donc prendre en compte ces différents styles lorsqu'ils animent un cours, proposant par exemple un même contenu de manière à satisfaire les auditifs, les visuels et les kinesthésiques, grâce à des médiations différentes.
- Or, en conditions expérimentales (ie : avec des conditions de réalisation contrôlées et reproductibles), l'apprentissage sur un support donné se réalise de la même manière chez différents apprenants, quel que soit le mode de présentation choisi et le style d'apprentissage annoncé par l'étudiant. 
- Ce qui signifie donc que la théorie des styles d'apprentissage n'est pas étayée par des données objectives issues de la recherche. Et qu'il faut arrêter d'encourager les enseignants et formateurs à s'adapter aux styles d'apprentissages de leurs apprenants. Ça ne sert à rien. 
En fait, c'est un article publié en décembre 2009 dans la revue de l'Association for Psychological Science sous le titre Learning Styles Debunked : There is no Evidence Suporting Auditory and Visual Learning, Psychologists Say, qui a mis le feu aux poudres. Depuis cette date, les conséquences de cette découverte sur les éducateurs et leurs méthodes pédagogiques ne cessent de grandir. 
D'après C. Riener et D. Willingham dans leur article "The Myth of Learning Styles", il ne sera pas facile d'abandonner la théorie des styles d'apprentissage, car elle est passée dans les "savoirs communs", ceux qui semblent si évidents qu'il n'apparaît plus nécessaire de les discuter, même s'ils sont faux. 

Ingénierie pédagogique : on sait ce qui fonctionne

Mais faisons un effort et oublions donc les styles d'apprentissage. Sur quoi allons-nous nous baser désormais pour accompagner de la meilleure manière possible l'apprentissage de nos étudiants ?
Nous pouvons utiliser deux ensembles de données et de concepts.
Premièrement, les principes de base de l'ingénierie pédagogique et de la formation aux adultes. C'est la voie que conseille par exemple Joel Gardner sur son blog Reflection on Instructional Design, dans un billet intitulé The 5 Most Fundamental Strategies for Helping Your Students Learn, qui met en lumière les principes conceptualisés par M.D. Merrill, que nous connaissons tous peu ou prou :
  • Apprentissage centré sur la tâche;
  • Informations nouvelles reliées aux connaissances antérieures des apprenants;
  • Apprentissage en contexte favorisant la résolution de problèmes;
  • Application rapide des savoirs et savoir-faire nouveaux;
  • Engagement dans l'apprentissage via les débats, activités, et la planification du transfert des acquis en situation. 
Ces principes-là ont été élaborés à partir de nombreuses expérimentations empiriques et "en situation contrôlée". Effectivement, en les appliquant au quotidien l'on constate qu'ils sont pertinents et que si nous les traduisons dans nos scénarios pédagogiques et en particulier dans les activités proposées aux apprenants, la qualité des apprentissages est clairement améliorée. 

Ce que nous savons maintenant du fonctionnement de la mémoire

Nous pouvons également nous appuyer sur les développements récents des connaissances sur le fonctionnement de la mémoire et leurs implications pédagogiques. 
Il apparaît que :
- Lorsque l'on a un important corpus d'informations liées les unes aux autres à intégrer, il est préférable de travailler un peu sur chacune d'entre elles simultanément et d'effectuer cette opération plusieurs fois jusqu'à ce qu'on maîtrise le tout, plutôt que de vouloir intégrer à fond un élément, puis de passer au suivant, de l'intégrer à fond, etc. Ceci pour avoir une vision de la cohérence globale de ce qui est à intégrer, et donc en faciliter l'apprentissage par le biais de la production de sens.
- Il faut faire des efforts pour apprendre. Eh oui, c'est sans doute une mauvaise nouvelle pour tous ceux qui croient qu'en lisant une fois leur cours avant d'aller dormir, ils sauront tout comme par miracle le lendemain matin... Mais décidément, l'effort est bien au centre du processus d'apprentissage. Mais il s'agit de porter l'effort là où il est le plus efficace. Par exemple, il est beaucoup plus productif, en termes d'apprentissage, de prendre des notes après un cours que pendant son déroulement. Ceci, parce que la prise de note a posteriori implique un effort de mémorisation et de structuration des informations. Dans le même ordre d'idées, il est très efficace de travailler un peu - faire une pause - recommencer - etc. en se contraignant au début de chaque phase de travail à se rappeler ce qui a été vu lors de la phase précédente. 
A chaque nouvelle étape, l'apprentissage devient plus facile, là encore grâce à la mémorisation et à la structuration des informations. " Ce dont nous nous souvenons, nous nous en souviendrons de plus en plus facilement à l'avenir", dit le professeur Robert Bjork, directeur du Learning and Forgetting Lab de l'Université de Californie - Los Angeles (UCLA). Le site de ce laboratoire est d'ailleurs une mine inépuisable de connaissances sur le fonctionnement de la mémoire et les implications de ces savoirs sur les pratiques pédagogiques, et nous vous conseillons vivement de le visiter. C'est Robert Bjork également qui parle de "difficultés souhaitables" ("desirable difficulties") pour stimuler l'apprentissage. 
- L'évaluation fréquente fait partie du processus d'apprentissage. Que l'on s'auto-évalue ou que l'on soit évalué, il faut le faire souvent car là encore, cela stimule la mémorisation et le sens de ce que l'on apprend et permet de faire le lien avec les étapes suivantes. 
Deux articles vous donneront plus de détails sur ces processus de mémorisation et leurs implications pédagogiques :
Ce que l'on doit savoir sur le fonctionnement de la mémoire : l'état de la recherche cognitive, publié sur l'excellent blog L'éveilleur, par Eric Chamberland (Université de Sherbrooke) et Everything You Thought You Knew About Learning Is Wrong, article grand public de Garth Sundem publié sur le site psychologytoday.com.
Autant de pistes à creuser et de concepts à opérationnaliser pour accompagner les processus d'apprentissage des étudiants, quels que soient leurs styles. 
Sources :
Challenging the Notion of Learning Styles Maryellen Weimer, Faculty Focus, 13 mars 2012.
The Myth of Learning Styles, Cedar Riener et Daniel Willingham, Change magazine, sept-oct 2010.
The 5 Most Fundamental Strategies for Helping Your Students Learn, Joel Gardner, blog Reflection on Instructional Design, 23 décembre 2011
Everything You Thought You Knew About Learning Is Wrong, Garth Sundem, site psychologytoday.com, 28 janvier 2012.
Illustrations 
Haut : christing-O- via photopin cc
Corpt de texte : capture d'écran du blog Reflecions on Instructional Design

1 commentaire:

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