dimanche 7 septembre 2014

Compte-rendu de la Table Ronde « MOOCs, LMS et média d’apprentissage, entre consommation et création ? »

Table Ronde « MOOCs, LMS et média d’apprentissage, entre consommation et création ? »
9h00-10h30 Chapiteau jardin
Problématique :
Les espaces de gestion de la classe et d’activités pédagogiques en ligne s’émancipent et se diversifient (LMS, ENT, MOOC, ..). Aujourd’hui on ne compte plus telle ou telle plateforme reliée à l’ENT, mobilisable depuis une TABLETTE, connectée au TNI…Qu’en est-il de la production et de l’utilisation de séances pédagogiques sur ces plateformes ? Y a t-il véritablement un partage des connaissances ? Ces « workspaces » sont-ils de simples réservoirs  (TANK) ou chacun peut poster, stocker ses morceaux de cours, de videos, d’exercices ? OU sont-ils aussi de véritables lieux d’échange ? Quel partage et pour qui ? et qui partage ? Les enseignants sont-ils prêts à utiliser des ressources des collègues du même établissement ? Qui créé ? Qui consomme ? Et qui partage in fine ?
Intervenants :Jean-Marie Gilliot responsable pédagogique et scientifique de MOOC Institut Télécom Bretagne, Serge Pouts-Lajus Education & Territoires, Christophe Batier Directeur technique Université Lyon1, Fabrice de Comarmond société EDUCLEVER.
Modérateur :Blandine Raoul-Réa, DNE
Synthèse :Christophe Batier et Stéphanie De Vanssay
Un MOOC pour qui ? pour quoi faire ? démarche collective ou individuelle ? L’enseignant en ligne a-t-il des particularités ? À quoi servent les données récoltées sur les élèves ? Est-ce-que ces nouveaux espaces concernent toute la communauté ? la redéfinissent-ils ?
Précisons pour commencer que le MOOC (Massive Open Online Course) est un cours avec un grand nombre de PARTICIPANT en ligne  alors que le LMS (Learning manager System) et l’ENT (Environnement Numérique de Travail) sont des plateformes.
Les MOOCs comme le MOOC ITyPA “Internet tout y est pour apprendre” génèrent une communauté plus ou moins importante. Il existe deux type de MOOCs : dans le premier type les auteurs diffusent leurs contenus sans beaucoup d’interaction entre les participants, le deuxième type  permet des interactions riches en développant l’aspect communautaire via l’utilisation de forums, d’outils spécifiques (évaluation par les pairs…) ou des réseaux sociaux. Pour les professeurs cela suppose de gérer une nouvelle dimension de la communication à un grand groupe, c’est compliqué et cela oblige à sortir de sa zone de confort. Le MOOC est l’outil adapté à cette dimension en réseau. L’enseignant n’est pas seulement un cours mais un créateur de communautés. Sont aussi évoqués des possibilités de cours communs créés par plusieurs profs et servant dans plusieurs ÉTABLISSEMENTS.
Les ENT s’adressent quant à eux à des communautés constituées, à des gens qui sont proches, dans un même ÉTABLISSEMENT sur un territoire donné. Pour Serge Pouts-Lajus l’ENT devrait favoriser, impulser le travail collectif dans l’équipe de l’établissement.
Les logiques de communauté globale et locale sont complémentaires et ne s’excluent pas !
Maxicours propose des solutions toutes faites, un corpus de granules dans lequel les enseignants peuvent piocher pour scénariser un cours. Il existe aussi des outils pour modifier les ressources et les partager au choix avec son établissement ou plus largement. La demande de pouvoir modifier, partager et mutualiser est très forte ! Un projet de “cartographie des savoirs” en cours d’élaboration par Maxicours, le CNED et des équipes de recherche devrait permettre de se repérer dans tous ces contenus.
Mais qui utilise les cours partagés ? Beaucoup de ressources ne sont pas connues et donc non-utilisées !
Pour Christophe Batier il est essentiel de rendre visibles les processus, les MOOCs le permettent car la scénarisation est apparente, publier des ressources ne suffit pas. Comment cela a été fait ? Pourquoi ? Avec quelle intention ? Pour quel usage?… Les échanges sont nécessaires pour faire évoluer les contenus et favoriser les usages pertinents. Il cite en exemple le projet “l’anatomie en 3D” qui a nécessité de nombreux échanges. Les MOOCs permettent aussi aux profs de vivre une expérience fondatrice d’apprentissage en ligne qui leur permet ensuite d’envisager que leurs élèves puissent eux aussi apprendre hors du présentiel synchrone. Au début, dans les universités, les professeurs ont demandé leur espace en ligne pour déposer leur cours… puis les demandes de plus d’ouverture sont vite venues.
Personnaliser et partager, n’est-ce pas contradictoire ?
Pour Maxicours l’objectif de son offre est de pouvoir donner à chaque apprenant un parcours personnalisé, adapté à son rythme d’apprentissage. La cartographie des savoirs permet d’aller jusqu’à une extrême personnalisation. Les ENT quant à eux devraient être un levier pour favoriser la pédagogie des collectifs pour agir ensemble à l’échelle de l’établissement. 
 À propos de la personnalisation Christophe Batier recommande les recherches sur le connectivisme et les EAP (Environnements Personnels d’Apprentissage). Pour échanger le forum ne suffit plus, on doit inclure la sociabilité des outils du réseau pour bénéficier de l’effet communauté tout en permettant à chacun de construire les outils qui vont lui convenir pour apprendre et garder des traces de son parcours. 
D’un autre côté, les “donneurs d’ordre” ont le réflexe de vouloir des outils fermés, contrôlés qui vont à l’encontre de l’émergence d’une communauté et même des simples échanges entre pairs nous dit Patrice Magnard de Maxicours. Pour Serge Pouts-Lajus la question fermeture vs ouverture est un malentendu, une querelle idéologique… de toutes façons les élèves créent leurs groupes d’entraide spontanément avec les outils sociaux qu’ils utilisent hors institution scolaire. Jean-Marie Gilliot rappelle qu’il est essentiel que le professeur soit dans sa zone de confiance, sinon il ne peut plus travailler. De toutes façons, si on ferme les plateformes, les élèves ouvrent avec leurs propres outils.
L’écosystème actuel contraint et institutionnel est à repenser tant en termes de temps, d’espaces que de sens des examens et valeur des diplômes. Christophe Batier évoque des remontées de terrain qui témoignent d’envies de changements du système : l’échec des étudiants, les résultats PISA… provoquent des réflexions, des expérimentations et des propositions. De nouvelles manières d’enseigner apparaissent, et il semble y avoir de plus en plus d’enseignants motivés qui s’investissent pour faire évoluer les pratiques. Il faut aussi penser à faire produire des contenus par les étudiants, les professeurs qui tentent l’expérience sont bien souvent épatés par la grande qualité du résultat.
Concernant l’hégémonie du diplôme, les choses sont en train d’évoluer même si c’est de façon peu visible pour le moment. De plus en plus de recruteurs s’intéressent davantage aux compétences qu’aux diplômes mais ne le crient pas encore sur les toits ! Pour Jean-Marie Gilliot il faut surtout prendre le temps de savoir bien faire les choses, ne pas vouloir tout casser… ça commence à bouger mais il faut aussi du temps.
Patrice Magnard dit que les choses bougent notamment grâce à la classe INVERSÉE. Il croit au potentiel de la cartographie des savoirs de chaque élève qui devrait permettre son orientation dans de meilleures conditions. Pour lui la cartographie des savoirs va être à l’enseignement ce que l’imagerie médicale est à la médecine : personnalisée et très précise. Serge Pouts-Lajus quant à lui conclut en se disant terrifié par cette idée de personnalisation à l’extrême.

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