L’art d’enseigner au XXIe siècle
Enseigner est un art
Enseigner comprend une multitude de variables qui, si on les apposait les unes à la suite des autres, nous feraient sûrement réaliser à quel point cette profession est complexe et requiert un don de soi incomparable. Au-delà des programmes, des enfants en difficulté, des bulletins, des rencontres et communications aux parents, des besoins multiples de nos élèves, de la paperasse, des réunions, des préparations de cours, des corrections, et j’en passe, il existe une réalité dont on parle moins mais qui, à mon avis, fait que les enseignants sont des artistes. Oui oui, des artistes!
Les enseignants sont des acteurs, des écrivains, des scénaristes, des dessinateurs ou des artistes graphiques. Ils sont des metteurs en scène, des chanteurs, des danseurs même. Ils sont musiciens, artisans, décorateurs, calligraphes, photographes, conteurs, cinéastes, auteurs, libraires, monteurs vidéo, webmestre.
Enseigner, c’est créer
Ce qui est fabuleux, en enseignement, c’est que nous avons la chance d’évoluer pour créer, jour après jour, un environnement dans lequel nos élèves sont confortables, heureux et motivés à apprendre. Tels des scientifiques, notre classe devient notre laboratoire. Il est vrai que certaines variables (souvent administratives) ne peuvent être changées. Mais celles sur lesquelles nous avons du pouvoir sont les plus intéressantes, selon moi.
Du jour au lendemain, nous pouvons décider de changer nos pratiques et de créer un nouveau tableau dans lequel nos élèves évolueront différemment. Derrière ce changement, il y aura certainement eu des formations, des recherches, des rencontres, des lectures, beaucoup de travail finalement. Mais lorsqu’un enseignant décide d’améliorer ses pratiques, c’est un peu comme s’il revêtait une cape et qu’il partait en mission. J’ai eu la chance de voir plusieurs de ces transformations chez des enseignants et je m’émerveille à chaque fois de leur volonté et leur courage.
Un temps nouveau
L’effervescence que je ressens présentement dans le milieu scolaire, en ce qui a trait à l’intégration efficace des technologies et d’une gestion différente de la classe, me touche au plus haut point. Ces dernières années, j’ai eu la chance de discuter avec plusieurs acteurs inspirants en éducation. On pourrait s’attendre à ce que ces gens férus de technologie n’accordent pas suffisamment de place aux élèves, mais la vérité est que c’est tout à fait le contraire! Que ce soit lors de colloques, de conférences, de formations, de discussions dans les réseaux sociaux ou d’échange de courriels, plusieurs on su me nourrir dans mon désir d’évoluer. Voici en quelques mots cette vision qui m’inspire tant et que je tente de reproduire dans ma classe :
L’intégration de la technologie sous-tend l’amélioration de la qualité des apprentissages et de la motivation des élèves en faisant de ceux-ci les acteurs principaux dans la classe.Voilà ce qui me touche. Jamais auparavant n’a-t-on eu ce genre de discours aussi respectueux pour les élèves. Il n’est donc plus question, pour l’enseignant, de trouver ou créer du contenu pour 200 jours d’école afin que les élèves réussissent les examens prescrits. Dans un nombre grandissant de classes, partout dans le monde, ce sont dorénavant les élèves qui sont les chercheurs et les créateurs. La technologie va bien au-delà d’offrir du matériel interactif aux élèves! Elle leur offre un immense terrain de jeu pour leur permettre de se documenter et de s’exprimer comme jamais ils n’ont pu le faire auparavant.
Des élèves créateurs
Nos élèves ont besoin de créer et d’être vus, lus et écoutés. Il ne veulent plus « passer à travers le programme » et demeurer en vase clos; ils veulent construire leurs savoirs avec nous et démontrer au monde ce dont ils sont capables via les réseaux sociaux, les blogues et diverses plateformes publiques. À titre d’exemple, cette semaine j’ai enregistré une chanson de mes élèves afin de la déposer sur le site internet de la classe. À la fin de l’enregistrement, quelle ne fut pas ma surprise de les entendre me demander s’il était possible de publier leur chanson sur Youtube. Mais ils n’ont que 6 ans! D’où leur est venue cette idée?
Nous vivons dans un monde hyperconnecté, qu’on le veuille ou non. Nos élèves sont très différents de ce que nous étions à leur âge et ils ont plus que jamais besoin de développer leur estime de soi et ce faisant, apprendre à gérer leur identité numérique. Nous ne pouvons nous attendre à répondre à leurs attentes de la même façon que nous le faisions il y a 20, 30 ou 40 ans. C’est pour moi une évidence et même si j’ai encore parfois tendance à l’oublier, mes élèves sont les premiers à me rappeler que l’âge des cahiers et des manuels scolaires mur à mur est révolu. C’est dans leurs yeux que je le vois et dans leurs paroles que je l’entends.
Un couteau à double tranchant
L’intégration de la technologie peut se faire à différents niveaux. Chaque enseignant étant unique, elle est vécue de plusieurs façons, selon leur niveau de connaissances des outils existants. Cependant, je m’inquiète parfois de constater qu’on ne voie pas (ou qu’on ne veuille pas voir) tout le *potentiel de changement que représentent les technologies ou bien qu’on se contente de *reproduire nos anciens modes de fonctionnement via celle-ci. Il est indéniable que la technologie facilite plusieurs aspects de l’apprentissage des contenus prescrits, j’en suis la première à utiliser plusieurs de ces outils en ligne, mais c’est en transformant notre pédagogie pour mettre nos élèves en action que nous pouvons retirer le maximum de bénéfices pour eux comme pour nous.
*Pour mieux illustrer mes propos, je cite cet excellent billet du site Infobourg sur le modèle SAMR et celui d’Éducavox dans lequel le phénomène d‘effet diligence est démontré de façon éloquente.
Pour éviter ce piège, c’est toute notre pédagogie qu’il faut revoir. On n’improvise pas l’intégration de la technologie en classe; on la prépare, on la réfléchit et on l’apprend de multiples façons. Mes élèves méritent que je fasse preuve de discernement parmi la multitude d’informations et d’outils qui sont mis à ma disposition.
Enseigner, c’est évoluer
Comment opérer de tels changements dans notre classe? Je dirai qu’il faut tout d’abord y croire et prendre la ferme décision d’avoir confiance en nos élèves et en nous-mêmes. Tel un plongeur du haut de son tremplin, nous avons le choix de rester dans nos vieilles habitudes ou de plonger dans l’inconnu. Certains sauts seront plus profitables que d’autres; ce qui est normal dans un contexte d’innovation.
Lorsque je m’apprête à essayer une nouvelle activité, je me demande toujours ceci: «Qu’est-ce que moi et mes élèves avons à perdre »? Et quand la réponse consiste en quelques pages de cahier que j’ai l’habitude de faire, ou une tâche ennuyante et peu productive, j’ai ma réponse.
C’est auprès de gens inspirants que nous pouvons puiser l’énergie et la confiance nécessaires pour se propulser ailleurs et non en demeurant dans nos bonnes vieilles pantoufles confortables de profs. Bien sûr, cela prend souvent une bonne dose de volonté (et de folie? ), mais quand nous voyons des résultats aussi probants chez nos élèves, et par ricochet leur parents, il devient impossible de faire marche arrière.
Je me considère chanceuse d’être entourée de plusieurs personnes pour me guider dans cette mission. Ma commission scolaire m’appuie dans ma participation à la formation iClasse où je suis entourée de gens qui me motivent à aller au bout de mes aspirations pédagogiques. Cette équipe, formée avant tout d’enseignants, a compris qu’une intégration efficace des technologies nécessite non seulement des outils appropriés, mais aussi une transformation du rôle de l’enseignant, de l’aménagement de la classe, et surtout une vision très humaine des besoins des élèves afin qu’ils puissent développer leur plein potentiel.
J’ai également la chance de faire partie de la merveilleuse famille des Éducateurs ADE depuis cet été. J’y retrouve des gens passionnés pour qui la technologie est un outil de création exceptionnel. De plus, je ne saurais avancer sans mon formidable réseau de collègues D’Écoles en réseau, de Twitter et du groupe Facebook Les TIC en Éducation.
À cause de tous ces gens, je ne me sens plus seule. Je ne saurais leur dire combien ils sont importants dans ma vie professionnelle. Je termine donc en mentionnant qu’il ne faut jamais sous-estimer l’importance de s’entourer de gens de valeur afin de perfectionner notre art, et ce que nous soyons au printemps, à l’été, à l’automne ou à l’hiver de notre vie professionnelle (il n’est jamais trop tôt ou trop tard pour transformer notre pédagogie). Mon école n’est plus uniquement la bâtisse où j’enseigne, mon école, c’est le monde entier. Non, je ne suis plus seule…
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Hyperliens mentionnés dans le texte
http://www.infobourg.com/2013/09/09/le-modele-samr-une-reference-pour-lintegration-reellement-pedagogique-des-tic-en-classe/
http://www.educavox.fr/innovation/dispositifs/L-effet-diligence-La-technologie
http://www.cslaurentides.qc.ca/
http://iclasse.com/
http://www.apple.com/ca/fr/education/apple-distinguished-educator/
http://eer.qc.ca/
https://twitter.com/BrigitteProf
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